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SPECTACLE

Balayer les Feuilles De Bruno De Franceschi

Il y a sept ans je reçois un message dans la boîte de mon courrier électronique du merveilleux ensemble vocal que je dirigeais à l’époque : une compagnie genevoise me demande un atelier sur la voix, le corps et, enfin, les choses que je fais.
Un tel Gabriel Alvarez m’invite et moi, j’y vais : dans mon imaginaire Genève a à voir avec les conventions internationales, les tribunaux, les réfugiés, la Croix-Rouge, mais maintenant je sais aussi qu’il y a une vie théâtrale, oui, parce que l’autre morceau de l’imaginaire collectif que je porte en moi est qu’en Suisse il y a beaucoup d’argent, du chocolat et tout fonctionne, comme on dit en Italie précisément, « avec une précision suisse. »
Donc j’accepte, je pars et j’arrive pile à l’heure à Cornavin (pour le voyage de retour 20 minutes pris à Domodossola !) : Gabriel Alvarez avait dit qu’il viendrait me chercher à la gare, mais je ne le vois pas, en plus je ne connais pas son visage et donc je n’ai pas grand-chose à voir ou à chercher, quand enfin après un peu d’incertitude je vois cet homme qui s’approche tout droit, les jambes de joueur de foot (pour marcher à côté de lui, il faut être rapide), de larges épaules et des yeux bleu un peu hantés, ciao bonjour comment ça va ? Les années suivantes, il est presque toujours venu me chercher à la gare et jamais une seule fois nous avons réussi à nous donner un rendez-vous précis : la rencontre commence toujours par téléphone, « mais putain, tu es où ? » Après les salutations un peu de silence, je ne parle pas il ne parle pas : nous allons dans un café toujours en silence et avons l’air d’être en deuil, moi avec mon français limité et lui avec le sien, coulant et plein de musique sud-américaine.
Même aujourd’hui, il en est ainsi : nous nous rencontrons, embrassons et puis du silence pendant un temps.
Toujours dans ce café, peu après il me dit qu’il parle italien (tu pouvais le dire avant, je pense !) et alors tout devient plus facile, même si en effet nous n’arrivons pas à nous en dire beaucoup plus et précisément ce silence, ces pauses, ces souffles un peu coupés sont encore ses caractéristiques les plus présentes, parfois une vertu, parfois une condamnation.

Oui, parce que Alvarez est terrifié par les psychologismes, les élucubrations, les grands discours théoriques donc avec les acteurs il parle très peu et sa synthèse la plus réussie reste « montre-moi ». Moi, par contre, je bavarde, je dégouline et je souhaiterais que lui, fin intellectuel en dise d’avantage, qu’il explique, qu’il livre les belles pensées dont je me nourris quand nous abordons un projet ensemble, seuls dans son petit bureau, de son appartement d’où on voit le lac.
Lui, au contraire, têtu, se tait, observe et « montre-moi».

Bref, sorti du café, il me raconte qu’il est en train de construire un théâtre, pour le moment il est dans une situation de fortune, l’expérience d’Artamis, la compagnie…
J’écris de la musique pour ses spectacles depuis lors, depuis cette première rencontre, ce premier spectacle ensemble, un Molière avec un groupe de jeunes musiciens beaux et vifs. Puis le Galpon est devenu ma maison et moi aussi, avec le temps, je me suis un peu plié au silence de Gabriel, en me contentant souvent de son « fais-moi entendre ».
L’année d’après le Galpon est né pour de bon : une merveille, précisément ce théâtre dont rêve tout artiste sensible, où la beauté du lieu est donnée par la façon incroyable qu’Alvarez, avec Nathalie et Clara, ses héroïques compagnes de voyage, ont de vivre et laisser vivre cet espace.
Et cela ne peut pas être dit : c’est un peu comme quand on revient de vacances et on essaye d’expliquer aux amis à quel point tel endroit était beau et combien on s’est amusé.

Le Galpon est un lieu magique où l’on crée, mais surtout où l’on écoute.
Pour cela Alvarez parle avec le magistrat et balaye les feuilles devant le théâtre avec la même désinvolture et la même humilité.

Un frère silencieux.

Bruno de Franceschi, compositeur, a suivi ses études de compositeur à Freibourg, Paris, et Lausanne. Il est diplômé du DAMS de Bologne. Son travail privilégie la relation entre la musique et le théâtre et il réalise des compositions pour la scène et pour des textes en prose.
Son activité de directeur d’orchestre s’oriente vers le répertoire du XXe siècle et en particulier sur le répertoire moderne et expérimental. Il a écrit des pièces musicales pour une cinquantaine de spectacles de théâtre, pour des films, ainsi que de la musique de chambre. Depuis 1985 et après sa rencontre avec K. Berberian, T. Kantor, Tran Quang Hi, il commence une recherche sur l’utilisation de la voix à travers les arts martiaux
et le langage utilisé par les sourds.
Il a travaillé entre autre avec M. Castri, T. Kantor, E. De Capitani, Cristina Pezzoli, G.Solari, M. Navone (théâtre), Raffaella Giordano, Giorgio Rossi, Caterina Sagna , Simone Sandroni (danse), A. Guzzetti e Marco Bagnoli (arts visuels) et avec les poètes Giancarlo Majorino et Antonio Porta.
Il développe un travail pédagogique à l’Ecole d’Art Dramatique du Piccolo Teatro de Milan. Collabore avec le SAT depuis 2010.

 

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