Horace de Heiner Müller /
HORACE PAR GABRIEL ALVAREZ
En préambule à la création d'Anatomie Titus Fa11 of Rome (juin 09), Gabriel Alvarez nous offre un moment supplémentaire en compagnie d'Heiner Müller.
Guerre, violence, justice, conflit millénaire entre Etat et individu : la langue de Müller agit comme un scalpel qui incise.
Un beau moment de croisement également puisque les étudiants de la Haute Ecole d'Art et de Design de Genève mettent la main à la pâte et participe à la conception de l'espace scénique du projet.
Gabriel Alvarez n'en est pas à sa première exploration d' Heiner Müller. Avec Horace, il approfondit et recrée un travail mené il y a quelques années au Galpon sur Heiner Müller, Quartett, Hamlet Machine et Cœur en pièces où la juxtaposition de différents textes de Müller L'Ange malchanceux, Mauser, Le Dieu Bonheur et Horace, explorait la théâtralité de la parole.
SITUATION
Les villes de Rome et d'Albe sont menacées par les Etrusques. Toutes deux, affaiblies devant l'ennemi par de vieilles querelles, décident de nommer un combattant unique afin de déterminer qui des deux villes règnera sur l'autre... Le sort désigne Horace pour Rome et Curiace, le fiancé de la sœur d'Horace, pour Albe. Horace blesse le Curiace. Le blessé demande grâce, au nom des épousailles futures. Horace l'achève au nom de Rome. La sœur d'Horace accueille le vainqueur d'Albe par des pleurs et des reproches. Encore furieux, Horace la tue à son tour « Voilà pour les Romaines qui prennent le deuil de l'ennemi ». Le peuple est alors divisé entre « Honorez le vainqueur» et «Exécutez l'assassin ».
HORACE ET LA PENSÉ:E DU COLLECTIF CHEZ MÜLLER
« Voilà le vainqueur. Son nom: Horace.
Voilà l'assassin. Son nom: Horace.
Beaucoup d'hommes sont dans un homme»
Plutôt que de s'arrêter au personnage singulier de Horace, Gabriel Alvarez propose un traitement choral de la piece, comme un écho à la pensée sur le collectif présente dans la dramaturgie de Müller. Cet angle de vue permet de dynamiter les vieux concepts de personnages, de premier ou de second rôle.
Si lors d'une première lecture du texte, on peut observer une structure binaire faite de face à face, de duels, de bon ou de méchant, une approche plus approfondie permet d'y voir la multiplicité de l'humain concentrée en un seul homme.
Dans le texte d' Horace, la multiplicité est exprimée par la fréquence élevée du mot ET. C'est également entre les éléments textuels ou entre les acteurs que l'on découvre peu à peu cette notion de diversité.
LE TEXTE COMME MATÉRIAU MUSICAL.
Le metteur en scène se plonge et se confronte à l' écriture d'Heiner Müller avec le jaillissements de la parole, ses proférations, ses chuchotements, avec cette urgence de dire le conflit millénaire entre Etat et individu.
Le sens se découvre peu à peu à travers le rythme des syllabes, des mots, des phrases.
Il y a un travail de recherche sur l'écoute afin d'exécuter toutes les notes, tous les temps, tous les tons, toutes les intensités, tous les intervalles présents parfois dans un seul un mot.
Il faut prendre le temps d'écouter l’ENTRE. La sonorité se trouve et bouge ENTRE les voyelles.
Chez Müller, le mouvement spatial occupe une place aussi importante que les autres éléments dramaturgiques. C'est donc dans cette optique que Gabriel Alvarez conçoit l'espace scénique d'Horace.
