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SPECTACLE

La Valeur du Théâtre dans le temps de pandémie.

La Valeur du Théâtre dans le temps de pandémie.
Le 8 octobre 2020, nous nous donnons rendez-vous au Galpon afin de commencer nos répétitions sur la nouvelle création du SAT, un travail sur les Bacchantes… Dans ce nous, il y a un noyau d’acteurs avec lesquels je travaille depuis un temps, depuis quatre ou bien deux années, il y a une actrice qui collabore avec moi depuis 25 ans. En bref, un noyau d’acteurs avec lesquels je suis en train de développer un « training spécifique ». Un des critères pour faire ce type de travail est d’avoir la certitude intérieure que le montage ou la forme théâtrale est le résultat d’un processus pour tendre vers ce que l’on pourrait appeler l’état de jeu total, l’état de Présence. Nous travaillons sur l’organicité du processus avant le « personnage », c’est-à-dire sur ces instants où l’acteur est possibilité, aptitude pure, et, en conséquence, apte à construire un état de non-jeu !

Cette idée « obsessive » de creuser ce « training spécifique » et tous les plis qui le forment m’a aidée personnellement à tenir debout et à traverser tous les moments d’incertitudes en raison de la fermeture du théâtre au public. Une fermeture générant une situation paradoxale pour les acteurs et moi-même : nous pouvions continuer nos répétitions, monter le spectacle, mais en sachant que nous ne pourrions pas le jouer devant un public !
Oui, c’est une période de doutes, de questionnements, des uns et des autres, sur ce paradoxe que nous vivons, le tout, entouré d’une atmosphère anxiogène, faite de peur et de confusion quant à la masse d’informations circulant à l’extérieur sur la pandémie. Un extérieur, il faut le préciser, pas seulement défini par les murs du théâtre, mais aussi par nos peaux, et par des pensées de toutes sortes !

Travailler pendant deux mois dans cette atmosphère, qui d’ailleurs s’est installée dans nos vies depuis bientôt six mois, produit des situations où se concentrent, se distillent des pensées théâtrales fortes. Par exemple, si on parle de processus, dans la pratique théâtrale, on est en train de parler de l’une des extrémités d’une chaîne qui a comme autre extrémité le spectacle préparé et pensé pour le public. C’est dans le processus que l’on peut trouver les sources de quelque chose d’impalpable et difficilement saisissable. Je parle de ce qui se passe dans les répétitions, de ce que nous pouvons nommer les improvisations ou tout simplement notre attitude quotidienne dans la manière d’aborder notre métier.
Le processus est le lieu où l’on côtoie l’essence de l’acteur qui n’est pas déterminée par la perspective de la représentation, de l’existence d’un public.

Je crois maintenant que nous n’étions pas assez radicaux vis-à-vis de la bifurcation qui se présentait à nous, celle de travailler à la production d’un produit fini, d’une forme fixée à jamais ou au contraire celle de simplement se concentrer sur l’activité même de créer, de chercher, de se focaliser sur un travail intérieur de et sur l’acteur.

Soixante jours et des poussières à travailler (et je ne sais pas si c’est fini) sur un terrain mouvant. Nous répétions un spectacle avec tous les signes de la théâtralité, c’est-à-dire : lumières, costumes, chants, scénographie, etc. Et en même temps, je voyais, je sentais l’existence de ces moments insaisissables, en chair et en os, où les acteurs/actrices se font invisibles, même si je me rendais compte que parfois nous ne regardions pas tous dans la même direction !

Eh oui, regarder ailleurs, chercher par-ci, par-là, et saisir de nouveau cette chose extraordinaire du travail en groupe qui, lorsqu’il y a un état de confiance réciproque, progresse, même quand on regarde dans des directions diverses et voire parfois opposées… C’est clair que de tels moments ne sont pas reposants, ni exempts de tensions et d’incompréhensions !

Oui, je voyais que nous étions toujours sur le « chemin », ceci ne veut pas dire qu’on avançait toujours, car des obstacles sans nombre surgissaient d’ici et d’ailleurs… Mais que nous continuions à marcher ensemble et, je crois, en percevant que le théâtre était ailleurs que dans l’objet de la représentation.
Dans mon ressenti, il n’y a jamais eu de confusion dans ces deux types de réalités : la représentation et notre processus, ce processus du possible.

Je sors de cette expérience avec la conviction que la valeur du théâtre n’est pas dans une polarité marchande, ni dans une polarité tout court, et qu’on peut marcher ensemble sans avoir toujours un but, marcher tout simplement, se mettre en mouvement, réagir, regarder, écouter à travers… Un peu comme ce personnage de Kafka auquel on demande au moment de partir quel est son but et la réponse est : « partir ! »
C’est peut-être là où se trouve le lieu du théâtre, et pourquoi pas aussi le dieu du théâtre, sur ce seuil à partir duquel il n’est pas important d’entrer ni de sortir mais tout simplement d’être.

Affirmons quelque chose de radical, confirmé dans cette expérience : la valeur du théâtre n’est pas à chercher ailleurs, ni en dehors, ni en dedans du théâtre. Sa valeur se trouve sur cette ligne imaginaire, sur le seuil, ni dedans, ni dehors. C’est dans ce non-espace que se trouve l’ailleurs que nous cherchons.

Forza alors ! Et donnons-nous les moyens, afin de continuer à chercher un théâtre qui n’est ni sacré, ni profane, mais invisible ! Dit d’une autre manière, plus proche de ce que nous avons partagé ensemble, un théâtre comme expérience du présent, sans qu’il ne soit confiné, ni dans le passé, ni dans le futur.

Gabriel Alvarez

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