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SPECTACLE

Le Galpon

Le Galpon 1

Il y a quelques années, nous avons demandé aux artistes qui ont travaillé au Galpon ce que ce lieu représentait pour eux.
Alors, pour ma part, je voudrais vous dire où le Galpon se situe dans ma vie théâtrale.
Plus de 35 ans ont passé depuis que mes pieds ont touché la terre européenne, ce vieux continent qui, avec un mélange de violence et de raison, a conquis, modelé, le continent qui m’a vu naître : l’Amérique du Sud.
A l’époque c’était une idée sur le théâtre, confuse mais déterminée, qui m’a propulsé de l’autre côté de l’Atlantique.
Si je dois parler du Galpon, de ce qu’il représente par rapport à mon travail théâtral, l la réponse est relativement simple : je me suis depuis toujours occupé d’une forme de travail qui a été appelée, « étiquetée » comme expérimentale, tant du point de vue artistique que du point de vue du fonctionnement économique et social.
Depuis toujours, par ma démarche théâtrale, j’ai ressenti le besoin d’avoir un lieu qui soit un outil de travail. Et combien de lieux se sont pliés à cette exigence… une vieille maison paysanne à Modène, une école abandonnée en Toscane, un hôpital psychiatrique à Trieste, une ferme paumée dans la campagne slovène, un grenier à Berne, une halle industrielle à Huesca en Espagne ou l’ancienne école de plombiers telle l’Arsenic à Lausanne. Tous ces lieux comme le Galpon sont devenus des théâtres aux yeux des gens ! Des réceptacles de nouvelles formes théâtrales.

Le Galpon a été conçu comme un espace entièrement modulable (régie et gradins mobiles, volumes sans affectation préconçue) pour s’adapter à toutes les formes et tous les genres; en cela, il ouvre des portes inespérées à la création scénographique comme à la conception de l’espace scénique. Il permet de concevoir d’une manière différente le rapport spatial entre le spectateur et l’acteur, cherchant à établir des relations et perceptions vivantes entre eux.
Cette manière de considérer l’espace est le produit d’une sensibilité artistique, qui s’inscrit dans une histoire. Mon histoire et celle du théâtre du XXème siècle.
Pour ma poétique théâtrale, il est vital de pouvoir imaginer mes créations dans un espace vide plutôt que sur une scène.

Mon héritage théâtral est le fruit d’une époque : celle du Terzo-Teatro en Italie, du contact avec des puissants groupes théâtraux des années 70, le théâtre Laboratoire de Jerzy Grotowsky, l’Odin Théâtre, le Living Théâtre et tout un mouvement culturel directement influencé par mai 68 en France. Ces groupes et cette mouvance m’ont ouvert l’appétit pour aller regarder vers la tradition théâtrale russe de Stanislavski, Meyerhold, Vaktangov  et plus récemment Vassiliev ; ainsi que les  traditions théâtrales en Orient.
Cette culture théâtrale, étiquetée comme théâtre expérimental et/ou de recherche, véhicule une idée du théâtre, de la façon de le pratiquer et de le produire, très différente à une certaine tradition institutionnelle qui construit sa pratique en partant d’un Moi, un Je, un premier rôle, une tête d’affiche. Je me suis donc formé dans une culture du travail en groupe où l’acteur est considéré comme l’axe à partir duquel se construit un spectacle. L’idée cardinale de cette démarche est de considérer le théâtre comme une aventure collective. Mettre le Nous avant le Moi !

Et le Galpon, à une petite échelle, s’inscrit dans l’histoire de toutes ces friches industrielles reconverties en théâtres et comme de maints lieux qui ont surgis à partir des années 70. Citons par exemple la Cartoucherie d’Ariane Mnouchkine-2 qui est restée l’emblème de ce courant politique et esthétique et, à sa manière, Peter Brook
aux Bouffes du Nord, il participe de ce mouvement de remise en cause de l’espace traditionnel.
Mais ce bouleversement de la relation acteur-spectateur commence déjà au début du XXème siècle, avec les premiers réformateurs du théâtre, Stanislavski, Meyerhold et autres, qui s’interrogent et mettent en question la relation traditionnelle entre la scène et la salle. Vers la fin des années 60, la frontalité scène-salle, caractéristique du théâtre bourgeois, vole en éclats. Un bonheur pour la pratique théâtrale qui cherche une proximité, une inventivité dans les formes scéniques, qui cherche à casser cette relation distanciée, lointaine et froide imposée par le théâtre classique. Toutefois, il faut le dire, le principe atteint ses limites quand il fonctionne comme un automatisme ou comme une fin en soi.

Etymologiquement, Galpon vient de la langue de Quichotte, traduit littéralement en français, c'est le "hangar", construction sommaire, servant à divers usages. Mais ce qui échappe au petit Larousse, c'est que le Galpon, c’est une maison. Une maison pour le travail et la recherche des arts de la scène.
Au moment de sa conception, on ne savait pas alors qu'il s'appellerait le Galpon. On ne savait pas alors que ce serait une maison comme celle-là. On ne savait pas alors que la tâche serait si belle, ni qu’elle serait si lourde. Les artistes qui l’ont fondé ne se connaissaient même pas les uns les autres. Et pourtant, on savait qu'il fallait construire une maison. Il y avait le besoin et l’urgence artistique.

Au moment de sa conception et encore aujourd'hui, le Galpon porte les stigmates de l'utopie et de la réalité socioculturelle de la république de Genève.
L'utopie ? Celle d'avoir construit des espaces voués à la recherche pure et dure, froide et chaude, monacale et ludique, inutile et sans espoir de bénéfices aucun si ce n'est celui de la transformation personnelle pour celui qui y plonge. C'est à cette utopie que se vouent les membres des compagnies permanentes qui ont construit et gèrent le lieu.
Comme toute Utopie, la nôtre n'existerait pas sans une réalité qui la nourrit, mais qui à chaque instant peut l'étouffer.
Le Galpon est le produit, mieux encore, la réaction à cette réalité socioculturelle de Genève. Il est le produit de l’histoire de la diversité culturelle genevoise.

Il faut rappeler que les milieux artistiques et les acteurs culturels genevois n’ont pas cessé de lutter, d’ouvrir et d’inventer des espaces afin de réaliser leurs rêves et répondre à leurs besoins artistiques. L'histoire genevoise des trente dernières années montre que la pléthore théâtrale de Genève est le résultat de la lutte exemplaire des milieux artistiques et culturels genevois. Le Grütli, Saint Gervais, le Loup, même le théâtre de Carouge, l’Usine, la Parfumerie, Mottatom ou le Galpon sont des lieux nés de cette lutte. Ils répondent à des besoins et à des urgences créatives des citoyens de la ville. Et bien que les temps changent, cette particularité genevoise est encore là, bien  vivante.

L’utopie d’un espace libre pour créer est devenue une réalité et cette liberté à un prix : l’insuffisance des soutiens financiers pour son fonctionnement.
La réalité et notre expérience nous montrent que l’insécurité financière impose la polyvalence. Dans ce cas, la difficulté se concentre dans la recherche d’un partage des tâches équitable et intéressant pour tous et d’utiliser cette instabilité comme un vecteur puissant de contact avec d’autres artistes et avec le public afin de créer une dynamique collective.
Cette liberté demande aussi des efforts d’imagination pour s’ouvrir au public et inversement. C’est vital pour nous de partager avec le public notre “différence”.
Au Galpon, la relation au public est donc pensée en termes de création de liens plutôt qu’en termes de spectateurs d’une programmation à consommer. La représentation n’est dès lors qu’un des vecteurs de cette création de liens.
Au Galpon nous voulons que chaque acte posé dans notre champ d'action soit l'occasion de débat sur la société, sur le contenu artistique de nos actes.
Je crois que le Galpon, comme bien d'autres lieux, est là pour nous rappeler que le théâtre est encore nécessaire à nos sociétés parce qu’il nous permet d’appréhender une manière d’être ensemble créatifs et vivants.

Le Galpon
Une maison pour le travail et la recherche des arts de la scène
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Quand au moment da sa fondation, nous avons affirmé que le Galpon était une maison pour la recherche et l’expérimentation des arts de la scène, pour moi c’était  la conséquence d’une expérience et de certains principes théâtraux chers à mon cœur. Comme par exemple l’envie de privilégier la composition à l’interprétation dans le travail de l’acteur.

Je me retrouve dans la pensée que le théâtre, afin de se considérer comme un art à part entière, doit produire une forme, une esthétique et une poétique qui n’est pas la reproduction de la réalité. Le comportement scénique d’un acteur, sa façon d’agir et de parler sur une scène, n’est pas l’imitation de notre médiocrité quotidienne. Il ne cherche pas à reproduire des formes préexistantes. Le spectateur de théâtre doit être en face d’un artiste qui réalise des actions, parlées ou chantées de telle manière que n’importe quel spectateur ne pourrait pas le faire. D’ailleurs à quoi bon payer sa place si c’est pour assister à une performance qui est à la portée  de chacun.

Le théâtre tel que je le conçois n’est pas seulement un produit, une simple marchandise dans la circulation du marché du divertissement. Il est surtout un processus complexe, une aventure artistique et existentielle, un questionnement permanent sur la manière de le pratiquer, l’organiser et le produire.
L’élaboration d’un spectacle est un processus jalonné par des tensions, des intensités, des relations diverses, par exemple entre l‘abstrait et le concret, entre le texte et les acteurs, entre le metteur en scène et les acteurs, entre les acteurs et les spectateurs. Ce processus ne cherche pas à réaliser, interpréter un texte, mais à re-créer une relation dialectique, critique où on s’interroge, on se confronte, on doute, afin de trouver un accord et une justesse dans les relations créées pour la représentation. Le théâtre est le lieu de tous les possibles de l’être !


1- Le théâtre du Galpon est fondé en 1996, par Nathalie Tacchella, Padrut Tacchella, Clara Brancorsini, Lise Zogmal et Gabriel Alvarez, lors de l’occupation de l’ancien site des Services industriels de Genève par l’association Artamis, et à partir d’une idée de Fabien Piccand. L’équipe du Galpon d’alors a réhabilité une halle  - qui abritait jadis des réverbères- en une maison pour le travail, la recherche, la production, la construction et la pédagogie des arts de la scène. En quelques années il est devenu l’un des lieux de répétition, de recherche, de pédagogie et de représentation incontournable de la ville.
En automne 2008, les bâtiments ont dû être libérés par leurs occupants artistes et artisans pour procéder aux travaux de dépollution du sous-sol et de construction d'un nouveau quartier.
Dès septembre 2008, grâce aux accords conclus avec la Ville et l’État de Genève, la salle de répétition du Galpon a été aménagée dans le centre artisanal de la Jonction. Ce relogement répondait à une partie de nos activités : la recherche, la création et la pédagogie.
La salle de répétition du Galpon a été opérationnelle de février 2009 à juin 2011 et a permis à une centaine de professionnels des arts de la scène d’y répéter leurs créations et de suivre des stages de formation. De nombreux élèves et enseignants ont bénéficié d’actions de sensibilisation aux arts de la scène.
En 2011, le Galpon est reconstruit à la route des Péniches, au pied du Bois de la Bâtie et au bord de l’Arve dans le quartier de la Jonction. Ce nouveau Galpon est le fruit d’une idée magnifique de l’architecte Alain Vaucher et du magistrat Rémy Pagani qui ont imaginé la réhabilitation d’une vieille charpente appartenant au site d’Artamis.

Le Galpon a pu être reconstruit grâce à Rémy Pagany, conseiller administratif en charge du Département des constructions et de l’aménagement de la Ville de Genève, Patrice Mugny, ancien conseiller administratif en charge du Département de la culture, Sandrine Salerno, conseillère administrative en charge du Département des finances et du logement de Genève, Mark Muller, ancien conseiller d’Etat en charge du Département des constructions et des technologies de l’information, le Conseil Administratif de la Ville de Genève, la fondation pour la promotion de lieux pour la culture émergente et Pierre-Alain Girard et Cléa Rédalié, La Loterie Romand, les TPG, Sami Kanaan, conseiller administratif en charge du Département de la culture et du sport, Virginie Keller, du domaine art et culture, de la Ville de Genève, Alain Vaucher, architecte, Remy Marendaz, réalisateur du projet,
2-  « C’est durant l’été 1970 que le Théâtre du Soleil, dirigé par Ariane Mnouchkine, cherche un lieu de travail qui ne soit surtout pas un théâtre, découvre la Cartoucherie au bois de Vincennes à Paris. La troupe s’y installe de façon provisoire au mois d’août afin d’y répéter 1789 La Révolution doit s’arrêter à la perfection du bonheur. Le lieu, dans un état lamentable (gouttières bouchées, toitures détériorées, sans eau ni électricité), est mis en fonctionnement grâce aux travaux réalisés  par les membres de la troupe. De 1971 à 1973, quatre autres troupes s’installent à la Cartoucherie : au printemps 1971, Jean-Marie Serreau - qui a débuté dans le théâtre en 1938 comme élève de Charles Dullin - y crée le Théâtre de la Tempête ; au printemps 1972, Antonio Díaz-Florían -qui a débuté en 1966 comme régisseur du Théâtre de l’Epée de Bois- s’y installe avec l’Atelier de l’Epée de Bois ; à l’automne 1972, Tanith Noble -qui a débuté en 1969 au sein du Bread and Puppet Theatre de New York- y crée l’Atelier du Chaudron ; puis, au printemps 1973, le Théâtre de l’Aquarium -qui a débuté en 1964 en tant que troupe universitaire de l’Ecole Normale Supérieure fédérée par Jacques Nichet- s’installe à son tour à la Cartoucherie.
La transformation de cette ancienne usine militaire en ensemble théâtral est donc une expérience intuitive puisque cinq lieux y sont créés de façon progressive et non préméditée ». Joël Cramesnil L'histoire de la Cartoucherie 2004

Gabriel Alvarez (2001)

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Cabaret Dadaïste

Vous qui pénétrez ici, abandonnez toute révérence et tout conformisme ! Cédez à l’extravagance de ce cabaret irrévérencieux !

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La Panne

Je parle. Je parle pour que quelqu'un m'entende. Je me trouve mêlé à une histoire qui me laisse sans voix, à une affaire inextricable et indicible..

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