Le Repas d'après Novarina /
« LE REPAS »
d’après Valère Novarina
La mangeuse ouranique
D’après « le Repas » de Valère Novarina.
Une comédienne et plusieurs voix, une figure beckettienne, absurde, nous invite à mettre en mouvement le même organe qu’on utilise pour parler et manger. Nous partagerons avec elle ce repas où seront mangé le monde, nous et les paroles de Novarina.
La consommation nous englouti avec ces comportements, alors Novarina ingurgite une partie de ce monde consumériste afin de rire de notre vain mouvement qui va de la bouche à l’anus ou vont se mélanger mots et aliments, solide et mousseux, langage et digestion
Une bouffonne construit une nouvelle syntaxe spectaculaire, celle de l’absurde de notre existence empêtré à consommer. Un artiste plasticien est le « deus machine » de toute la soirée, il manipule la manivelle des gourmandises et des frustrations, des envies et des comportements domestiqués par des siècles de manières de table. Il prépare mets et élixirs jouissifs qui vont nous réunir et faire passer une soirée inoubliable.
« Le Repas » de Novarina nous parle de notre voracité consommatrice, de l’homme comme principal déprédateur de son propre univers. C’est donc un repas cosmogonique de grande ampleur dans lequel il s'agit de manger le monde : "Lorsque nous mangeons, où vont et où iront la somme des choses que nous engloutissons?" "Moitié va par terre rejoindre les cadavres par les bases; moitié va en l'air chez Jean Dieu!"
Nous savons que chez Novarina la parole revêt un caractère presque divin, dans la mesure où il suffit de nommer pour faire exister. Mais elle prend aussi une forme comique, bouffonne. Nous explorons toutes les variations possibles. Parfois dans les prises de parole de l’actrice, le sens échappe, car comme le dit la Mangeuse Ouranique : "Le monde est un immense tube dont nous ne savons aucune des conclusions mais dont nous entendons la logique".
La conception théâtrale de Novarina, poussée jusqu’à ses dernières conséquences, est une « mise à mort » des coordonnées réalistes du théâtre - scènes d’exposition, actions vraisemblables, psychologie des personnages etc. C’est ainsi que les textes de Novarina ouvrent un champ d’exploration sur la voix, la musique et ici en concret sur le rapport entre la chair qui se mange et la chair qu’on fait résonner… Elle donne aussi la possibilité d’explorer la relation scénique entre acteur et spectateur.
Le théâtre de Novarina est pour nous un antidote à « l’air du temps » théâtral, sorte de course effrénée cherchant à provoquer des sensations et de « l’expressivité pour chacun ».