Un chant d'amour /
Un chant d’amour traverse le mur insondable d’une prison
Un chant d’amour traverse le mur insondable d’une prison
Le Studio d’action théâtrale présente «Un chant d’amour», une pièce de Jean Genet traitant de la solitude et de l’isolement. Un spectacle en miroir.
UNE ATTENTE INSOUTENABLE
La particularité de la pièce de Jean Genet « Un Chant d’amour » repose sur le fait que les spectateurs, placés face à face, soient voués à ne voir qu’une des deux cellules. Dans la même position qu’un des prisonniers, ils saisissent ainsi ce fragile dialogue. Dans l’attente parfois insoutenable d’une réponse.
Le décor, réalisé par l’architecte Bernard Delacoste fonctionne comme un miroir ou une fenêtre ouverte sur le monde. Grâce à un jeu de lumière, le mur, suggéré par un rideau en tulle, devient opaque ou transparent. Ainsi le spectateur peut parfois deviner la forme et distinguer les mouvements de l’autre prisonnier. Les ombres des corps qui se détachent sur la toile accompagnent ce chant d’amour, ce message qui passe à travers l’espoir et l’imagination.
Le metteur en scène Gabriel Alva¬rez a insisté sur la problématique de l’enfermement. Dans cet univers clos, seuls deux gardiens ont accès aux cel¬lules. Leur fonction consiste à imposer un emploi du temps et à interrompre toute tentative de dialogue entre les condamnés. Constamment attentifs, ces derniers ne peuvent plus laisser leurs pensées partir hors des murs, ils ne peuvent tout simplement plus rê¬ver.
Le rôle des deux gardiens et des deux prisonniers sont tenus par quatre comédiennes : Sandra Amodio, Clara Brancorsini, Lesley Gautier et Lise Zogmal. Chacune, à sa manière, tra¬duit la folie de l’enfermement, la soli¬tude des incompris ou la lassitude des oubliés. Afin de montrer que la liberté intérieure du bouffon ou de l’esclave est égale que celle du roi ou du maître. Les actrices inverseront chaque soir leur rôle.
IBr /LE COURRIER /17 Mai 1996
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« Un Chant d’Amour » d’après Jean Genet
Ombres et lumières d’un réquisitoire
Sur une scénographie de Bernard Delacoste et une mise eu scène de Gabriel Alvarez, Un Chant d'Amour est une création théâtrale totale et complète que le public a pu apprécier vendredi et samedi soir au P’tit Théâtre de la Viêze, de Monthey.
Création où s‘harmonise, le langage, l’ombre et la lumière, la forme et le vide. « Un chant d’amour» c‘est l’histoire du regard, du doute, du manque de compréhension et d’ un dialogue qui semble aboutir au néant, le vide est la forme. C’est aussi l’histoire d’une contrainte physique et mentale, l’hypocrisie des règles où se mêlent la possible et l’impossible relation entre deux êtres, la forme devient le vide. Deux prisonnières, un mur et deux gardiennes robotisées par l‘étroitesse d’esprit. Dès lors le public entre dans le jeu et se demande: «Qui Sommes-nous, matons ou victimes?»
Le Studio d’Action Théâtrale existe maintenant depuis une dizaine d’années, il a à son actif plusieurs spectacles. Gabriel Alvarez, metteur en scène et directeur, aime à proposer des travaux où l’acte de l’acteur est le centre de la création. Dans « Un chant d‘amour», ce sont quatre actrices qui se trouvent au centre : deux prisonnières, Sandra Amodio et Lesley Gautier, la directrice de la prison Clara Brancorsini et ta gardienne Lise Zogmal. Les actrices, au demeurant excellentes, sont à la fois déchirées, haïssables, sensuelles ou paumées.
Relevons qu‘alternativement les rôles sont inversés, les gardiennes devenant victimes et réciproquement.
Pour un premier spectacle, la programmatrice Véronique Ferrero Delacoste a fait dans le prenant et dans le théâtre qui interroge et surprend. Reste cette phrase, la dernière de ce réquisitoire, de cette garde à vue d’une société qui juge, épie et condamne celui qui sort de la norme: «Le désir, c’est 1’antidote! ».
Jean-Marie Croci /Monthey /PRESSE RIVIERA/26 mars 1996
