Horace de Heiner Müller /
RENCONTRE AVEC GABRIEL ALVAREZ
À quelques jours de la création, Gabriel Alvarez nous donne quelques pistes supplémentaires sur son projet. Rencontre.
Avec Horace, on parlait au point de départ d'une reprise. Il semblerait que cette reprise se transforme peu à peu en RE-création ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Oui effectivement, il s'agit d'une nouvelle création.
Tout d'abord parce qu'il y a deux nouveaux acteurs dans la distribution. Deux nouvelles personnes qu'il a fallu initier au travail, à la démarche. Un véritable travail sur mesure qui s'est fait en fonction des acteurs plutôt que des rôles, une redistribution du texte autour des voix nouvelles.
Et puis il y a ma continuelle envie et volonté de bousculer ma recherche, de consciemment lutter contre la tendance que le théâtre a à se figer. Tout l'art réside pour moi dans la capaci té de l'acteur à reproduire sans cesse la même chose mais à chaque fois de manière différente Il s'agit de se placer dans un état d'urgence permanent en changeant, en expérimentant, en bousculant.
Quelques mots sur le langage et plus particulièrement sur le travail vocal dans Horace ?
Horace est avant tout une recherche sur le mouvement de la parole.
Dans la plupart des productions, l'acteur travaille sa voix en fonction de l'histoire, de la fable à représenter. En ce qui me concerne, je demande à l'acteur de penser géographie plutôt qu'histoire, de penser mouvement plutôt que psychologie.
Ma recherche vocale se base donc sur des orientations, des directions, des entrées et des sorties de la voix qui dessinent peu à peu des territoires et même des histoires.
Comment vivez-vous l'incursion des étudiants de la HEAD dans votre projet? De quel ordre va être leur implication ?
Les étudiants de la section Art Lieu Paysage, ont pour mission de réaliser l'espace scénique, les costumes et l'éclairage. Je suis très content de cette collaboration qui nous a amené à expérimenter avec des langages comme les nouveaux médias. Une grand première également puisque c’est la première fois que je délègue ce travail à quelqu’un d’extérieur au projet.
Vous dites qu'Horace est l'apéritif de votre création qui aura lieu au Grütli en juin 2009 Titus FALL OF ROME. Pourquoi ?
D'abord plusieurs points communs entre les deux textes:
Müller, la ville de Rome, la pensée philosophique, les thèmes abordés (L'Homme confronté à la justice, à la violence, à l'autre)
Et puis toujours cette même quête Müllérien en matière musicale. La recherche de la matérialité de la langue.
Même si de ce point de vue, les deux spectacles sont radicalement opposés : Horace est un récitatif, alors que Titus sera à la limite de la débauche rock !
Interview de Gabriel Alvarez, le 11 mars 2009, la veille de la première.
Jacques Magnol
http://www.geneveactive.com/blog/blog/horace-heros-et-assassin/
